TIMOR ORIENTAL - Le bout de la route
- Roksana Kiełkowska
- 31 janv. 2024
- 4 min de lecture
Nous sommes le 4 novembre 2022 et nous apercevons au loin la frontière. Pas n’importe quelle frontière: la dernière délimitation terrestre de notre voyage ! Nous remercions les douaniers Indonésiens pour ces 60 jours passés dans leur beau pays et franchissons le pont vers la partie Est de l'île : le Timor Oriental. Il est midi et il fait une chaleur accablante. Oû allons nous faire la pause nécessaire avant de reprendre le pédalage ? Le hasard fait bien les choses et à peine sommes nous entré dans le poste de douane climatisé que l’officier nous annonce une pause casse-croûte de 2h pour l’administration. Parfait, nous sortons nos chaises Helinox et mangeons notre pique-nique au frais, au pied d'une grande carte du pays, affichée sur le mur.
La suite, on commence à la connaître, tampon dans le passeport, excuses pour ne pas se faire scanner les sacoches, échange de nos derniers billets… Et nous voila sur les routes Timorées. Le réseau routier est plutôt simple: une route principale qui fait le tour de l'île par la côte et une multitude de petites routes qui traversent l'île du nord au sud, ces dernières en bien moins bon état. Notre destination finale à vélo ? La capitale, Dili, à 130km.
Mais voilà, nous avons déjà réservé votre billet d’avion pour le 17 novembre, nous laissant deux semaines dans le petit pays, le but est donc de prendre notre temps.
Quelques kilomètres plus loin, nous arrivons à la première bourgade, Batucada. A l'entrée de la ville, face à la mer, un vieux fort militaire, datant probablement de l'époque des portugais. Nous nous arrêtons dans un petit magasin en face et nous immergeons dans la culture du pays. Et oui, un magasin nous donne beaucoup d’indices sur comment vit une population. Déjà, les clients devant nous achètent des bières, ça faisait longtemps. Il y a aussi du pain et du vin, des reliques de l'ère portugaise. Nous faisons les provisions, ce soir c’est fête a la tente !
Un peu plus loin, nous nous arrêtons au bord de la plage. Pourquoi pas le lieu de bivouac pour ce soir? Mais un groupe de jeunes débarque et nous commençons à discuter. Ils nous disent de bien rester sur la côte, que les tribus vivant dans les montagnes sont des sauvages qui s’entre-tue, encore aujourd’hui… On comprend ensuite qu’ils viennent de la capitale, Dili et sont là en weekend. Ils nous disent aussi qu'il faut faire attention en se baignant, car il y a des crocodiles. Ils nous montrent même une petite mangrove ou il y en aurait un ! Nous ne le voyons pas mais préférons camper plus loin, au cas où... On se perd alors dans des petits chemins qui mènent à une plage perdue. Nous sommes seuls et plantons la tente. Le coucher de soleil est majestueux et nous profitons de nos derniers instants de vadrouille, sachant que l’aventure se termine petit à petit…
Nous prenons deux jours supplémentaires pour rejoindre la capitale. Sur le bord de la route, nous goutons le plat local: des poissons fraichement péchés, grillés et servi avec du riz jaune. Le tout pour 2 dollars l'assiette. Car oui, ici aussi, comme au Cambodge, la monnaie officielle au-dessus de 1 dollar est le billet vert américain. Le prix de la vie est plus ou moins similaire à celui de l'Indonésie si on consomme local, par contre le gros point négatif, c'est le logement. Le tourisme étant très rare dans le pays, les seuls logements existants sont hors de prix. Le moins cher que nous avons trouvé fut 25 usd la nuit, 4 fois plus chère que dans le pays voisin… Mais nous comprenons que faire installer une wifi, une clim et une douche à nos standards européens à un prix ici, loin de tout. C’est le jeu et nous passons 2 nuits dans ces logements dans des petits villages.
Nous arrivons finalement à Dili, la capitale. La première chose que nous traversons, c'est le port commercial. Il est tout neuf. Tout brille: les grues, les installations, les bâtiments… Mais pas un bateau en vue. On apprendra plus tard que ce port vient d’ouvrir ses portes et est un investissement de 500 millions de dollars de Mr Bolloré!
Quelques kilomètres plus loin, c’est la ville. Elle n’est pas du tout impressionnante. Une poignée d'immeubles de plusieurs étages, une multitude de petites maisons coincées entre les montagnes et la mer. Il ne reste plus beaucoup de place pour s'étendre...
Nous sommes accueillis par un couple d'expatriés anglais, Martin et Kerry, qui vivent ici depuis deux ans. Ils sont les seuls hôtes Warmshower du pays et nous sommes ravis qu'ils soient disponibles pour nous accueillir pour la dizaine de jours restants. Ils sont tous les deux professeurs d’anglais pour des militaires en formations, avec pour but une hypothétique coopération avec l'armée australienne. Via leurs contacts, nous organisons une présentation dans une école internationale ou nous expliquons notre voyage à une centaine d'élèves. Un beau projet qui devient réalité.
Nous passons quelques jours à emballer nos vélos pour le vol Dili -Darwin. Le continent australien n’est qu'à quelques centaines de kilomètres au sud, mais aucun bateau ne fait le trajet, le vol durant une heure et étant bon marché. Nous passons tout de même au port de plaisance mais ce n’est pas la saison et les quelques voilier au mouillage n’ont pas prévu de lever l’ancre pendant la saison des typhons qui commence.
La semaine restante, nous divaguons et visitons. Une journée sur l'île de Atauro pour faire du snorkeling et manger du poisson grillé, quelques jours à Baucau, la seconde plus grosse ville du pays qui ressemble à un petit village… Nous profitons de ces petites vacances, car nous avons déjà trouvé un travail en Australie et la reprise sera rapide.
Finalement, il est temps de survoler la mer du Timor et rejoindre notre pays d'accueil pour un petit moment: l’Australie. Nous allons travailler dans un premier temps dans une ferme reculée dans l’outback. Une toute nouvelle aventure !
Au total, nous aurons parcouru 20500 km, à travers 25 pays et pendant 19 mois ! Il est temps de terminer ce chapitre et d'en commencer un nouveau !
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