JAVA - l'ile des fédérations de cyclistes
- Roksana Kiełkowska
- 18 janv. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 janv. 2024
Pedaler dans la région la plus peuplée d’Indonésie, sur l'ouest de l'ile de Java, est tout sauf amusant. Slalomer entre camions, voitures et scooters, se faire klaxonner et dépasser sans relâche dans ce climat humide et collant est tout simplement la pire expérience cycliste de notre voyage.
Dès notre arrivée à la pointe de l'île, pourtant, nous sommes accompagnés par les membres d'un club cycliste « Federal » présent dans presque toutes les villes de l'île. Contacté par un de ses membres sur nos réseaux sociaux, il organise pour nous des rencontres avec ses amis et des lieux ou dormir dans les premières villes traversées. L'accueil le plus chaleureux que nous aillons eu en Asie du Sud-Est. Les membres amicaux représentent fièrement leur club, portant des uniformes colorés, spécifiques à chaque ville. Ils sont de tous âges et tous très content de voir des étrangers, surtout sur ce coté peu touristique de l'île. Ils prennent d’innombrables photos avec nous, sur le vélo, à côté du vélo, devant le vélo… C’est adorable, mais intense. Nous essayons d'emprunter des petites routes pour éviter la principale, mais dans une métropole de 10 millions d'habitants, il n'y a tout simplement pas de routes tranquilles... De plus, nos nouveaux amis cyclistes semblent aimer parcourir les routes fréquentées, ce qui peut être compréhensible quand on a grandi dans un tel environnement.
Pendant les 100 premiers kilomètres sur Java, nous parcourons les rues encombrées de Cilegon, Serang, jusqu'à Tangerang, toujours accompagné par les membres de chaque communauté cycliste. Un passage de relais interessant, mais nous sommes le relais qui se passe de main en main, un peu fatiguant. Une fois à la ville de Tangerang, située à la périphérie de la capitale Jakarta, nous décidons de prendre un bus jusqu'au centre de l'île. Un petit joker pour sauter une des zones les plus densément peuplée de la planète et arriver diretement à la célèbre ville javanaise de Yogyakarta. Nous avions prévu cela depuis un moment, compte tenu de la durée de notre visa et de l’envie d’arriver au Timor Leste à temps ! Malheureusement, il n'y a pas de bus qui relie directement « Yogia » avec une soute assez grande pour nos vélos, donc le choix se porte rapidement sur une ville voisine : Surakarta (également appelée Solo). Seulement 60km séparent ces deux villes. A Solo, nous avons la chance d'assister à un spectacle traditionnel avec des danseurs javanais. Très beau, mais les dialogues étant en javanais, nous ne restons pas jusqu'au bout... Le lendemain matin, nous partons à vélo vers Yogi. Sur la route nous passons par de magnifiques temples du IXème siècle. Cette fois nous sommes accompagnés par un autre jeune membre de la fédération cycliste locale. Akbar, très curieux de notre aventure et tellement excité de faire du vélo avec nous que même se réveiller à 4 heures du matin ne lui fait pas peur ! Il nous invite ensuite pour un petit-déjeuner royal dans sa maison familiale. Nous passons ensemble un beau moment. Sa gentillesse et son hospitalité nous charme. Les indonésiens sont sans aucun doute le peuple le plus généreux de l'Asie du Sud-Est.
Faire du vélo du côté Est de Java est un peu plus relaxant. Moins de trafic et plus d’options de routes secondaires. Nous décidons de ne pas parler de notre itinéraire à nos nouveaux amis de la communauté cycliste. Nous voulons pédaler à notre rythme. En quelques jours nous atteignions notre prochaine étape : la ville de Malang, au pied d'un immense volcan : le Bromo. Par chance, un hôte Warmshower vie là. Adi est heureux de nous accueillir et nous prépare les meilleures pancakes du voyage ! Il y a aussi un autre cycliste chez lui : Rasmus du Danemark, qui est à vélo en Indonésie pour 3 mois. Nous laissons nos vélos chez lui et louons un scooter pour gravir les routes escarpées du volcan au lever du soleil. Les attentes après avoir gravi le mont Kerinci étaient grandes, nous sommes donc un peu déçus. Le Mont Kerinci sur Sumatra était une véritable aventure et nous étions seuls ! Cette fois-ci nous sommes loin d'être seuls et la route monte jusqu'au bord du cratère avec des milliers de touristes qui le visitent chaque jour. Étonnamment, après le lever du soleil, tous les visiteurs partent, nous permettant finalement de profiter du spectacle.
Après avoir quitté la maison d’Ali, nous continuons notre route vers l’Est et tombons nez a nez avec un autre géant : le mont Semeru. Le volcan le plus haut de l'île de Java et l'un des plus actifs d'Indonésie nous surplombe de ses 3676m derrière les nuages. Nous traversons un village abandonné, avec des murs de boue et roches, stigmates de la dernière éruption. Un peu plus tard sur la route, nous devions dormir chez Muhammad, un hôte local contacté par internet. Mais notre envie de bivouac sauvage est trop forte. Notre hôte du jour, un peu sceptique quant à l'idée du camping sauvage à proximité du volcan le plus dangereux de l'ile, nous guide finalement vers le meilleur endroit pour planter la tente. Sur le chemin, nous croisons deux cyclistes belges venant en sens inverse mais qui décident de nous rejoindre pour un bivouac 5 étoiles au pied du Semeru. Le volcan est malheuresement entièrement plongé dans un brouillard mystérieux. Nous prions toute la nuit pour que la météo change. Le lendemain, très lentement, tout le ciel s’éclaircit, nous offrant la meilleure vue dont nous pouvions rêver.
Notre dernier arrêt sur l'île de Java est le volcan Ijen avec le plus grand lac acide du monde et ses mines de soufre aux conditions de travail épouvantables. Un autre endroit incroyable sur terre et toujours… en Indonésie ! Apres une montée rapide et matinale, nous profitons des premiers rayons du soleil, admirons le lac de couleur turquoise, Kiawah Ijen et descendons jusqu'au bord pour « toucher » le lac (pas vraiment, rappelez-vous : il est acide). En remontant, nous rencontrons les mineurs qui extraient, encore de nos jours, du soufre du cratère, transportant de lourdes charges sur les sentiers escarpés. Nous comprenons qu'ils gagnent finalement plus d'argent grâce aux seflies avec les touristes qu'avec les rochers qu'ils transportent. Drôle de monde. A 10h30 nous sommes déjà de retour à notre auberge, une petite sieste s'impose et à 13h nous sommes de nouveau en selle en direction de notre troisième île : Bali.
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