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Introduction à l'INDONÉSIE sur SUMATRA 

L'Indonésie, le dernier grand défi du voyage. Défi sur bien des aspects, mais particulièrement concernant le timing: traverser une multitude d'îles volcaniques, toutes plus raides les unes que les autres et ce en un temps compté de 60 jours, la durée maximale de nos visas… Ça sera la course, mais on le sait ! De plus, nous avons des retours inquiétants concernant la fiabilité des ferries pour les différentes traversées maritimes, certains n'opérant qu'une fois par semaine ou seulement par météo clémente. Bref, il nous faudra un peu d'organisation pour ne pas dépasser la date fatidique.

 

C’est donc parti pour un enchaînement instoppable de 8 îles et autant de bateaux pour les relier : Batam, Sumatra, Java, Bali, Lombok, Sumbawa, Flores et West Timor… Tout un programme !

 

Île de Batam 

Batam est une toute petite île en face de Singapour, mais bien Indonésienne, c’est donc notre point d'entrée parfait dans le pays. La traversée ne dure qu’une heure mais elle est représentative du changement de monde que nous opérons. Nous quittons donc le continent Eurasiatique, parcouru à vélo dans toute sa longueur jusqu'à la cité-état. Ce bateau, c’est le premier d’une longue liste et il nous permet de prendre nos marques : comment préparer nos vélos, les ranger dans le navire, garder un œil dessus tout en profitant du trajet… Et de l’autre côté, c’est reparti pour la vraie aventure. Les routes sont de nouveau défoncées et les locaux nous interpellent et nous saluent. Ça fait du bien après 10 jours à Singapour où l'ambiance est plus… organisée et sérieuse !

Un aspect que nous attendions particulièrement de l'Indonésie ; la présence de nombreux hébergements pas chers. Les sites de réservations regorgent d’offres à 3 ou 4€ la nuit pour 2 ! C’est incroyable. Incroyable, c’est le mot, alors que nous arrivons tard devant ce premier logement réservé en ligne, la propriétaire nous explique qu’il y a un problème avec ce site de réservation et qu’elle ne peut pas nous donner une chambre pour ce prix… aïe ! Est-ce une arnaque ? Une technique pour nous soutirer plus d’argent ? Nous apprendrons plus tard que non et que tous ces logements à moins de cinq euros sont des offres de plateformes qui ne travaillent plus avec les propriétaires… fausse piste donc. Mais dans notre cas, il est 21h, il fait nuit, nous sommes dans un nouveau pays que nous ne connaissons pas et la dame devant nous nous demande 20€ pour la nuit. Toute personne saine d’esprit aurait accepté et avalé sa fierté... mais pas nous. Nous voilà donc à parcourir les ruelles de ce quartier indonésien, la nuit tombée. Nous demandons à une première famille si nous pouvons poser la tente dans leur garage mais il est trop encombré. Nous continuons. Quelques minutes plus tard nous rencontrons un homme qui revient de la mosquée. Il nous indique que nous pourrions y dormir sans problème. Nous sommes encore une fois exigeants et préférons chez quelqu’un. Il nous répond alors que son voisin pourrait nous accueillir, il vit à cent mètres de là. Nous le rencontrons, il n’y a pas de problème pour que nous dormions dans sa seconde maisonnette, non habitée. Il est ravi de nous rencontrer malgré l’heure tardive et après avoir posé la moustiquaire de la tente, nous discutons, via traductions interposées, de notre voyage et lui posons des questions sur sa vie, sa famille.... Cela ne fait que quelques heures que nous sommes en Indonésie, le décor est planté ! 

 

Île de Sumatra

Nous ne restons pas longtemps sur l'île de Batam et le lendemain nous sautons sur le premier ferry qui traverse le détroit de Malacca pour relier en 7h la 6ème plus grosse île de notre planète : Sumatra ! Nous hésitions à y séjourner, un très long ferry allant directement à la suivante, Java. Mais nous avons entendu plusieurs cyclistes nous dire que Sumatra était leur endroit favori en Indonésie. Nous devons donc le vivre par nous-même. Nous débarquons à Dumai et commençons notre exploration. Nous avions en tête une île volcanique recouverte de montagnes, ici, ce n'est pas le cas. Une plaine infinie et déjà une circulation grouillante, il faut garder en tête que l'Indonésie est le 4eme pays le plus peuplé de la planète ! Nous pédalons quelques jours avant d’arriver aux montagnes, qui parcourent l'île telle une cordillère sur l’axe Nord/Sud. En passant par Pekanbaru, Roxy en profite pour faire une révision rapide de son vélo et changer les freins : après plusieurs mois sur les côtes d’Asie, la montagne est de retour ! C’est d'ailleurs au beau milieu d’une montée que nous passons un monument symbolique : la ligne de l'équateur. Nous quittons l'hémisphère nord pour entrer dans la partie sud de notre planète et, normalement, pour un long moment ! Ironie de l’histoire, nous enchaînerons deux étés ! Il n'est pas près de faire frais ! 

Finalement nous arrivons sur une sorte de plateau à 1000m d’altitude, entourés de volcans. Il fait enfin une température acceptable. Ici les paysages sont époustouflants : des immenses cônes qui forment des cols, des vallées et des lacs. Il y a aussi moins de monde dans ces terres montagneuses, nous sommes aux anges. Plutôt que de redescendre de l’autre côté sur la côte ouest, nous préférons suivre cette plaine vers le sud et vers le sommet du territoire indonésien : le volcan Kerinci. Il nous faudra quelques jours de pédalage sur des territoires splendides et sauvages mais aux gradients bien trop raides pour nos vélos chargés. Nous traversons des villages avec une particularité architecturale : les maisons ressemblent à des bateaux, leurs toits sont pointus et montent au ciel. Magnifique !

 

Finalement, nous y sommes : au pied du volcan Kerinci. Nous arrivons à midi dans une guesthouse, vue sur la montagne. Nous sommes attirés par ce sommet c'est le plus haut volcan du pays, il est devant nous, majestueux et à portée de main (ou de jambes). Un petit tour sur Camp2camp et nous apprenons que ce point culminant peut se gravir à pied, sans guide obligatoire et une personne l’a faite en une journée, malgré les 2000m de dénivelé positif. Le seul hic, c’est qu'il faut être au sommet au lever du soleil, avant que les nuages n'arrivent. Pas le choix donc, il faut partir la veille et dormir dans un des nombreux camps sur la montée. Il est 13h, nous nous regardons… Allez c’est parti !

Les propriétaires du logement aiment notre spontanéité et nous proposent de nous emmener en motocross au pied du volcan, là où la randonnée commence. Nous y sommes, une heure plus tard, après avoir payé les frais d'entrée du parc, 18 euros chacun.

15h, nous commençons la randonnée, les sacs à dos que nous portons sur nos vélos depuis la France sont bien utiles. 15h30 c'est la pluie diluvienne, nous sommes trempés. Ça commence bien ! Il nous faut faire au moins 1000m de dénivelé cet après-midi pour avoir moins de 1000m à grimper le lendemain. Nous arrivons finalement au camp 2 vers 19h, il fait nuit et à 3100m, il fait plutôt froid ! Mais au fond de nous, nous sommes ravis, pourquoi ? Car enfin nous pouvons justifier de transporter avec nous les sacs à viandes, sacs de couchages, doudounes, gants et habits techniques, non utilisés depuis le Kirghizistan. Nos voisins de tente indonésiens n'ont rien de tout cela mais paraissent tenir le coup, toujours très motivés. 

Nous partons à 3h30 du camp et remontons les derniers 700m de nuit pour se retrouver seuls au lever de soleil sur le cratère du volcan. Le panorama y est époustouflant.  Le soleil vient petit à petit réchauffer nos corps un peu refroidis à 3805 m d’altitude et embrase le Kerinci. Nous redescendons avec de beaux paysages plein la tête. A midi nous sommes de retour à l'hôtel, exténués. Ce n’est définitivement pas les mêmes muscles qui travaillent en vélo et en rando… 

Une bonne nuit de sommeil et nous sommes de nouveau sur nos montures, direction la côte ouest ce coup-ci, pour, nous l'espérons, un peu plus de plat. Pour redescendre de notre plateau, nous empruntons une petite route sinueuse, au milieu de la jungle la plus sauvage que nous ayons rencontrées depuis notre départ de France. C’est bon, nous sommes bien sur la fameuse île de Sumatra !

 

Mais notre joie est de courte durée, dès les premiers kilomètres sur la côte, nous rencontrons une multitude de montées et de descentes, courtes mais très raides. Ça nous casse les jambes, il fait très très chaud au niveau de la mer. De plus, la nature sauvage de Sumatra laisse ici la place aux étendues de plantation de palme, pour la production de l’huile du même nom… Et oui, l'Indonésie est le premier producteur d’huile de palme de la planète, avec 60% du volume mondial ! C’est un désastre écologique bien déprimant ici, encore plus, après avoir parcouru des sections de jungle où la faune et la flore étaient incroyables. Ça ressemble même à un désert : rien, absolument rien à perte de vue à part ces palmiers, plantés à équidistance les uns des autres. La route, en plus d'être de vraies montagnes russes, est maintenant encombrée de nombreux camions qui transportent le fruit de palme des champs aux villes. Bref, nous sommes sur une autre face de Sumatra, l’envers du décor. Nous sommes passés de la nature indomptable, à la nature domptée. Cela nous rend un peu triste et nous réfléchissons beaucoup lors de nos nombreux bivouacs au pied de ces palmiers. 

 

Finalement nous arrivons à la ville historique de Bengkulu. Ici il y a un vieux fort portugais en mauvais état, mais surtout ; un hôte Couchsurfing! Cela fait une éternité que nous n’avons pas dialogué avec un local en anglais et ça nous fait du bien ! On en profite pour lui poser une multitude de questions que nous avons accumulées ces derniers dix jours. Nous mangeons avec sa famille au centre commercial, sortie très appréciée de la population indonésienne qui en a les moyens. Les plats sont trois fois plus chers que dans la rue, mais c’est dans un restaurant ! Nous passons quelques nuits dans cette ville, le temps de faire une lessive, faire sécher la tente, passer chez le coiffeur et surtout prendre une décision : continuer à vélo ou en bus jusqu’au sud de l'île, à Bandar Lampung…

Les 550 km pour relier les deux villes s’annoncent comme les derniers jours, des montagnes russes de la côte et des plantations de palme. Nous pensons à nos visas et choisissons de faire cette section en bus afin d’avoir plus de temps sur les îles suivantes.

 

Après une dizaine d’heures à se faire secouer, nous arrivons dans la dernière ville la plus au sud de l'île : Bandar Lampung. Nous sommes soulagés en ouvrant les soutes du bus de voir que nos vélos sont intacts, ce n’est pas le cas de notre dos après ce long trajet. Nous débarquons au centre de cette agglomération à minuit, nous avons réservé un logement mais n'avons pas eu de confirmation par rapport à notre arrivée tardive… Suspense. Finalement, après quelques kilomètres dans l'obscurité, pas totalement serein, nous arrivons à la guesthouse et réveillons les propriétaires, pas de problèmes ! Nous passons la journée du lendemain à visiter la ville. Au programme, rencontre avec Kurt, un autrichien qui a la soixantaine et qui parcours aussi l’Indonésie à vélo mais dans l’autre sens. Il nous livre une information qui changera tout notre séjour sur la prochaine île, Java. Il nous parle des fédérations de cyclistes indonésiennes. Dans chaque ville de Java, il y a une association de cyclistes très active et très intéressée pour rencontrer des voyageurs, les héberger, etc… Nous sommes curieux et Kurt nous met en contact avec la première Fédération, juste de l’autre côté du détroit de la Sonde, sur Java. Nous échangeons les contacts et c'est reparti ! 

 

Nous pédalons finalement la centaine de kilomètres qui relient la ville au port d'où les ferries partent. Nous sommes heureux, nous venons de passer 2 semaines sur Sumatra. Nous avons eu le plaisir de grimper le plus haut volcan du pays, rencontrer d'incroyables indonésiens, contempler l’architecture locale et goûter la cuisine locale (Buffet Padang, bien trop épicé pour nous). Nous avons aussi vu les conséquences de la demande d'huile de palme mondiale ainsi que le manque d'infrastructures et d'éducation sur les déchets plastiques. L'Indonésie s'est présentée à nous, ce premier jet nous a plu et nous avons hâte de voir la suite. La suite, nous l'apercevons de l’autre côté du détroit : Java et sa ville tentaculaire de Jakarta. L’aventure Indonésienne ne fait que commencer !



 
 
 

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