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THAILANDE - 42 jours au paradis du cyclo-voyageur

En ce 6 juillet 2023, nous entrons, nous et nos vélos, dans un nouveau monde : celui de la Thaïlande, ses îles, ses temples et ses routes parfaites. Le contraste avec le Cambodge est extrême, en franchissant la ligne imaginaire et après avoir obtenu notre tampon de 30j de visa, tout change. Bien sûr, la langue, la monnaie, les visages et la nourriture, mais cela est similaire pour chaque passage de frontière. Cette fois-ci, c'est différent. Dès les premiers mètres, nous sommes au paradis : le bitume est parfait, tout neuf, avec de belles bandes d'arrêt d'urgence de chaque côté. Il nous faut cependant une centaine de mètres pour comprendre que les voitures qui nous klaxonnent veulent nous faire comprendre que nous sommes du mauvais côté de la route. Oups, nous ne le savions pas ! nous changeons donc de sens et pédalons à gauche, à l'anglaise et ceci jusqu'en Australie !


Le premier jour est intéressant géographiquement, nous longeons la côte sauvage et peu peuplée, la route est magnifique, avec des petites montées et descentes incessantes. A notre droite, à quelques centaines de mètres, toujours le Cambodge. Nous avons l'impression que la Thaïlande a réussi à garder une côte qui, en toute logique, reviendrait au pays voisin. Ils doivent avoir leurs raisons… Le soir venu, nous plantons notre tente facilement sous le petit toit d'un restaurant fermé. Douches et toilettes à proximité, coucher de soleil flamboyant. Nous sommes tout excités pour les prochaines semaines qui nous attendent dans le royaume Thaï.


Après plusieurs centaines de kilomètres, notre premier point d'intérêt sur la partie Est du golf de Thaïlande est l'île de Koh Chang. Cette île est immense (une des plus grandes du pays) et très proche du continent. Il nous faudra trente minutes de ferry pour la rejoindre. Mais, une fois le pied à terre, nous sommes sous le choc : la seule route qui en fait le tour est incroyablement raide avec des passages à plus de 20%... Nous sommes toujours dans la catégorie des poids-lourds du cyclotourisme et pousser nos vélos sous le soleil de plomb sur ces courtes, mais impressionnantes montées, n'est pas notre tasse de thé. Nous nous posons à l'ombre dans un petit resto local et commandons des pad-thaï, le plat traditionnel du pays. Nous discutons de la suite, une montée insurmontable à vélo, même en les poussant, se dresse devant nous. Il faut revoir nos ambitions et poser le camp au plus proche. Par chance, un sanctuaire bouddhiste se situe non loin. Nous n'avons encore jamais dormi dans un temple en Thaïlande mais n'en avons entendu que du bien. Quelques minutes plus tard, nous rentrons dans leur domaine et rencontrons les moines. Ils ne parlent pas anglais mais nous font comprendre que ce n'est pas possible. Aucun voyageur n'a jamais dormi dans ce temple. Ça commence mal pour les nombreuses nuits que nous avions potentiellement prévu de passer dans ces endroits mystiques… Mais une Thaïlandaise de passage nous entend et nous propose de nous loger gratuitement dans un "bungalow". Nous sommes ravis de cette rencontre fortuite et la suivons à vélo. Elle nous emmène quelques centaines de mètres plus loin au coeur d'un village de pêcheurs, fait d'innombrables cabanes rudimentaires sur pilotis : les fameux "bungalows". Les habitants vivent ici très modestement. Les poteaux qui sortent de l'eau supportent une plateforme faite de planches en bois, protégée de la pluie par un toît de tôles. Pas ou peu de cloisons ni de murs. C'est presque comme dormir dehors. Mais pour nous c'est parfait, elle nous montre la plateforme à côté de sa cabane et nous dit que nous pouvons dormir là. Nous posons la tente (pour la moustiquaire) et elle nous apporte un ventilateur. Nous sommes face à la mer, dans cet environnement 100% local : un paradis pour nous ! Durant les quelques jours que nous passerons sur l'île, nous serons invités de nombreuses fois à manger avec notre famille d'accueil. Le père partant avant l'aube pour vider des filets laissés la nuit et le fils partant à la journée au large pour pêcher des gros poissons qu'il nous montre fièrement tous les soirs à son retour. Madame passe elle, son temps entre le temple, visite à ses parents et pêche avec un fil au bout des doigts depuis sa cahute en bois. Ils vivent de ce qu'ils pêchent, littéralement. Le dernier soir, nous décidons de leur faire plaisir en allant acheter de belles pizzas faites par un retraité italien qui a ouvert un restaurant sur l'île. Les pizzas sont hors de prix pour leur pouvoir d'achat (8€ la pizza) et nous voulons leur faire découvrir la cuisine de chez nous en quelques sortes. Mais, comme pour nous avec les Durians (le fruit qui sent très mauvais mais dont tout le monde raffole ici), notre famille hôte n'est pas convaincue par ce plat italien. 'Ils ont oublié la sauce BBQ non ?" demandent ils surpris avant d'en rajouter une belle quantité… Très intéressant de comparer les standards culinaires de chacun. Petite anecdote, ils font tomber tous les restes de nourriture, os et arêtes, par les fentes de la plateforme, pour nourrir les poissons qui, habitués, attendent en dessous avant d'être les prochains dans l'assiette! Ils nous précisent fièrement qu'ils ne jettent pas le plastique !

Il est temps de repartir, re-gravir les collines montagnes et retrouver la côte et la terre ferme. Plate celle- ci.

Encore plusieurs centaines de kilomètres pour rejoindre la capitale, Bangkok. Cette ville, comme Hanoi et Ho Chi Minh, est immense, tentaculaire, il nous faudra deux jours de voyage, des premières zones industrielles pour rejoindre le centre ville. C'est la partie la moins intéressante du voyage. On se met sur la bande d'arrêt d'urgence et on pédale toute la journée au milieu du bruit et des odeur ; mal de tête assuré ! Nous dormons dans nos premiers temples bouddhistes. Il suffit de se présenter en fin de journée et demander aux moines qui nous dirigent gentiellement vers un bâtiment type salle des fêtes, présent dans chaque temple et destiné à la prière du matin. Les temples, c'est la facilité. Il y en a dans toutes les villes et villages, des fois plusieurs. En Thaïlande, ils sont subventionnés par l'État, donc en bonne santé financière. Les lieux sont grands, propres et les moines sont toujours accueillants. Malheureusement leur niveau d’anglais est très limité et les conversations sont très basiques.

Nous arrivons finalement à Bangkok, la ville la plus peuplée d'Asie du Sud-Est (en compétition avec Jakarta). Par chance, grâce à nos réseaux, nous sommes accueillis par un couple d'expatriés français qui vit dans la capitale depuis deux ans maintenant. François et Margot ont pleins de bons conseils, de bonnes adresses. Nous profitons de ce petit séjour pour nous reposer, faire la maintenance de nos vélos et croiser notre ami, Loïc, qui nous avait accompagné sur une des dernière journée en France . Nous planifions ensemble un projet un peu fou : celui d'achèter un vélo un peu plus tard et nous rejoigne. Affaire à suivre.. Sur les conseils de François, nous visitons une petite bourgade à deux heures au nord de la ville, Lumpuri. Ici, au milieu de vieux temples, vivent des centaines de singes en liberté. On remarque vite qu'ils ont pris le dessus sur les habitants de la ville et qu'ils font un peu la loi. Ils vident les poubelles, montent sur les bâtiments et les temples, volent de la nourriture… Mais ces singes sont aussi à l'origine de la popularité de la ville, qui est devenue une petite destination touristique. Anecdotique : la chose qui fait venir les touristes est aussi celle qui risque de la mener à sa perte… Ils sont dans une impasse, et rien ne bouge si ce n'est que la population de singes augmente. Après un passage chez le dentiste - ici il suffit de pousser la porte pour être pris en charge dans les cinq minutes - nous sommes près à repartir, direction plein sud, le long de la côte Est du golf.


Nous pensions être au paradis du vélo depuis trois semaines, mais au Sud-Est de la Thaïlande, nous découvrons le paradis du paradis du vélo ! La côte est sublime, comme sur les cartes postales : plage blanche de sable fin, cocotiers qui se penchent au-dessus des eaux turquoises… et le plus extraordinaire : personne à l’horizon ! Nous sommes tellement séduits que nous troquons même nos nuits dans les temples pour aller planter nos sardines sur les plages. Lever de soleil époustouflant garantie. Nous passons par le parc national de Khao Sam Roi Yot, laissons les vélos et partons à la découverte d’une immense grotte. Au moins à l'intérieur, il fait frais. Un peu plus au sud nous sommes hébergés en Warmshower par un couple Thaï qui lance un projet de ferme touristique (farmstay) dans les montagnes proches de la Birmanie (Myanmar). Car oui, à certains moments la Thaïlande ne fait qu’une dizaine de kilomètres de large et partage le bras de terre avec son voisin. Malheureusement ce dernier est en guerre civile depuis quelques années et inaccessible… Nous gardons la découverte de cet autre pays pour une prochaine fois !


Un peu plus au Sud toujours, nous arrivons à quelques heures de bateau d’un chapelet d’îles : Koh Tao, Koh Phangan et Koh Samui. Nous choisissons de visiter la première car elle offre des plongées bouteilles pour 17€ l’unité. Incroyable. Nous sommes des plongeurs novices et c’est l’occasion de s’immerger à moindre frais. Il nous faudra 8h sur un ferry de nuit pour atteindre l’île. Mais là aussi, comme sur l'île de Koh Chang, les montées sont extrêmement raides. Nous cherchons donc un logement proche de l’embarcadère. Bonne surprise, nous rencontrons un couple d’Argentins qui eux aussi voyagent à vélo et se sont installés à Koh Tao pour 6 mois et y travaillent. Leur aventure est très inspirante car ils sont partis de chez eux il y a quatre ans. Nous re-croisons aussi notre ami Loïc sur cette île et décidons qu’il est temps de mettre notre plan à exécution...


Une fois la terre ferme regagnée, nous visitons tous les trois les magasins de vélos de la ville de Surat Thani. Après plusieurs boutiques, il finit par trouver un” vélo seconde main”, de bonne qualité et pas trop cher. Nous lui installons un porte bagage arrière et il parvient à y attacher son sac à dos de voyageur. Notre duo est donc maintenant un trio à vélo. Nous pédalerons ensemble pendant une semaine sur trois cent kilometres. Quel plaisir de faire découvrir la Thaïlande profonde et le voyage à deux roues à notre ami. Car en tant que « Backpackers », voyageur à sac à dos, il est difficile de sortir des sentiers battus et des itinéraires touristiques. A vélo, il faut pédaler tous les kilomètres, les zones «vides » où vit la vraie population rurale. Mais c’est dans ces moments que l’on fait les plus belles rencontres, que l’on s’émerveille des petites choses. Et cela fait relativiser la beauté d’un lieu qui sera sur-fréquenté par le tourisme. Nous sommes par exemple arrivés dans un temple en fin de journée qui se situait dans un tout petit village. Les moines nous ont accueilli et nous ont informé qu’il n’y avait ni restaurant ni magasin dans les environs. Nous étions bien embêtés car nous n’avions pas de provisions. Mais heureusement, une cérémonie religieuse a eu lieu et ils nous ont invité à manger. Le repas était très épicé mais le fait de le partager avec des riverains heureux de nous voir était très émouvant !

Nous pédalons avec Loïc sur Phuket, l’île de Koh Yao Yao et la région de Krabi, tous des lieux magnifiques mais quelque peu touristiques.

Nous arrivons finalement dans le sud profond de la Thaïlande. Un WarmShower dans la ville de Trang nous prévient : “si c'était moi, je circulerais en bus”. Je ne prendrais pas de risque.” Après quelques recherches, il s'avère en effet que la zone est classée rouge sur le site France diplomatie. Nous faisons notre petite enquête et contactons les cyclistes qui sont déjà passés par là. De ce que nous comprenons, le “deep south” est une zone à majorité musulmane, plus proche de la culture Malaise que du bouddhisme Thailandais. Certains groupes indépendantistes locaux font entendre leurs revendications via des actions terroristes ciblées sur les symboles de l'État. Les touristes, bien que quasiment inexistants, ne sont pas pris en otages et la zone paraît relativement calme ces derniers temps : c'est parti !


Il nous faudra quatre jours pour pédaler les quatre cent kilomètres qui nous séparent de la frontière Malaise. Quatre jours d’immersion dans le monde musulman, que nous avion quitté pour la dernière fois en Asie Centrale et surtout en Iran. Nous apprécions ce tronçon, même si les barrages routiers récurrents et la présence de militaires armés, est impressionnante. La zone est calme. Nous sommes les seuls étrangers et les gens sont adorables, la nourriture est bonne et vraiment peu onéreuse. Pour nous, c'est similaire à un changement de pays. Les infrastructures sont en bien plus mauvais état, les magasins et les écoles changent. Les mosquées apparaissent et les écritures en arabe apparaissent sur certains panneaux. Ce changement culturel nous prépare, nous sommes dans l’antichambre de la Malaisie. Par précaution, nous ne plantons pas la tente (les rares temples bouddhistes sont gardés par des militaires en armes : pas très rassurants !) nous prenons donc des guesthouses. Les derniers kilomètres se font sur de petites routes et chemins au milieu des plantations d’arbres à caoutchouc, omniprésent dans cette région de Pattani.


Après quarante deux jours et mille neuf cent kilomètres à travers le golfe de Thaïlande, il est temps de dire bye-bye à ce beau pays. Plus de quinze nuits dans les temples bouddhistes qui nous laisseront de nombreux souvenirs en compagnie des moines. De nombreuses rencontres avec notre famille adoptive à Koh Chang, François et Margot à Bangkok, les Warmshowers dans le sud et notre escapade à trois avec Loïc. Nous avions un mauvais a priori avant d'arriver, pensant que ce pays touristique était sur-fait, sur-exploité par et pour les visiteurs. Nous repartons avec une vision bien plus positive, d’une Thaïlande accueillante, facile pour le cyclotourisme et avec de nombreuses zones préservées du tourisme de masse.


Qui sait, peut-être venir y vivre un jour…




 
 
 

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