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TADJIKISTAN - Premières températures négatives

Dernière mise à jour : 15 avr. 2023

Après avoir passé un mois dans le désert, l’entrée dans ce pays parue irréelle. Le plus gros changement fut le paysage : les montagnes étant de retour ! La qualité de la route passa de médiocre à bonne et la population, moins habituée au tourisme, plus authentique. Nous avons ressenti à nouveau l'hospitalité Persane, oubliée depuis l'Iran.

Dès la frontière, nous avons été sublimés par la route panoramique serpentant dans un canyon spectaculaire. Nous l'avons remonté lentement, profitant des vues à couper le souffle. Direction de la capitale : Douchanbé. Il nous aura fallu 3 jours pour y arriver, découvrant au passage la culture et le mode de vie de ce pays, réputé pour être le plus pauvre d'Asie centrale.


Douchanbé. Ville animée, aux allures de Las Vegas avec une touche soviétique et continuellement en construction. Ville fantasque aux gratte-ciels flamboyants et aux monuments à l’effigie du président et des symboles de la nation. Des immeubles outrageusement riches et vides dans le centre-ville, des fontaines majestueuses où l’eau coule à flots… Alors que les habitants vivent sans eau courante juste au coin de la rue, dans des conditions bien moins fantasques. Nous y passons trois jours. Au programme : repos, approvisionnement en nourriture, promenades et obtention des permis pour le Pamir.


Plus de 90% du territoire du Tadjikistan est couvert de montagnes avec la majeure partie du pays à plus de 3.000 mètres. Les montagnes tadjikes sont parmi les plus hautes du monde. Nous n'avons pas pu résister à l'idée d'aller se balader à vélo au pied de ces géants. C'était tout simplement trop tentant.

La frontière avec le Kirghizistan étant fermée en raison de récents affrontements, il est dorénavant impossible de traverser au Kirghizistan depuis le Tadjikistan. Cela signifie que le Pamir était une voie sans issue, car entouré de 3 pays aux frontières alors fermées : Afghanistan, Chine et Kirghizistan.

Nous décidons quand même de faire une boucle de deux semaines dans les montagnes du Pamir et de revenir ensuite à Douchanbé, puis traverser la frontière avec l'Ouzbékistan au nord. Le calendrier le permettant, nous étions près à nous rajouter quelques kilomètres afin de découvrir cette région perdue.


Obtenir le permis du Pamir demanda un petit peu d’organisation. Il s'est avéré que nous devions d'abord nous enregistrer dans notre hôtel avant d'obtenir les permis pour nous rendre dans cette zone montagneuse. Nous connaissions déjà le principe de l'enregistrement depuis l'Ouzbékistan, mais ce fut la première fois que nous entendions dire que nous en avions également besoin au Tadjikistan. Premier essai, nous n'avons obtenu qu'un permis d'une semaine en raison de problèmes de communication… Après quelques allers-retours entre l'hôtel et le bureau et quelques dialogues en russe assurés par notre interprète Roxy, nous avons finalement été les heureux propriétaires de permis Pamir pour 30 jours (également appelés permis GBAO). Une bonne chose de faite, direction les montagnes !


Pamir Highway: Nous voici !! Malheureusement, un jour seulement après avoir quitté Douchanbé, nous nous retrouvons sous la pluie battante, avec des prévisions annonçant que cela allait durer trois jours… Sans un désir particulier de pédaler sous la pluie dans les vallées encaissées (risque de chute de pierres assez élevé), nous nous sommes retrouvés dans un (très) petit village pour demander aux habitants un endroit sec pour passer cet interval pluvieux. Le propriétaire du boui-boui en bord de route, un vieil homme, est embêté. Il nous propose, un peu à contre cœur, de rester dans sa maison familiale en marmonnant que nous devons donner de l'argent pour rester. C'était la première fois que quelqu'un nous demandait de l'argent pour une nuit. Sans vraiment avoir le choix, nous avons bien entendu convenu de donner de l'argent à la famille d'accueil. Comme toujours dans la majorité des maisons de culture Persane, il y avait une chambre supplémentaire pour les occasions. Une pièce vide, remplie d'oreillers et de couvertures. Pas d'eau courante. Pas de salle de bain. Toilettes à l'arrière du jardin dans une petite cabane en terre cuite. C’est ça, la vie simple de ces gens ne s'arrête jamais de nous surprendre. La famille a au moins 6 enfants. Nous n'étions pas sûrs du nombre exact, car ils entraient et sortaient tout le temps en nous jetant un œil et jouant avec le seul mot qu’ils connaissent en anglais : Hello! Un seul des garçon parlait Russe, ce qui a rendu la communication encore plus difficile et nous nous sommes sentis comme de vrais extraterrestres… Après deux longues journées, le temps s'est amélioré. Nous nous sommes finalement réveillés avec le soleil et avons contemplé la vue spectaculaire: les sommets recouverts d'une belle couche de neige blanche contrastant avec les arbres colorés de l’automne. La première chute de neige du voyage! On s'attendait à ce que les températures chutent de manière significative. L'automne était là. Les nuits suivantes furent froides. Très froides. Une couche de givre recouvrant notre tente tous les matins.


Nous étions mentalement préparés au fait que la route serait de mauvaise qualité dans le Pamir. Elle est célèbre pour cela. Sans surprise, nous commençons à rouler sur une piste de terre et de cailloux. Finit l’asphalte! De plus, la pluie/neige des jours précédents a déstabilisé les talus et des blocs déboulent sur la piste. Ambiance.

Nous arrivons finalement à la ville de Tavildara, on se croirait dans les Dolomites: le village est logé au pied d’immenses tours rocheuses, aux sommets enneigés. À l'entrée, il y a un contrôle de la police et nous devons montrer nos documents, dont le permis GBAO pour le Pamir. Nous qui hésitions à le faire...

L'officier nous annonce la mauvaise nouvelle : le col de Tavildara est fermé parce qu'il y a trop de neige… Nous retenons notre souffle. Mince, le col étant fermé à la circulation, il est possible qu’il ne nous laisse pas passer… "Nous allons simplement aller un peu plus loin dans la vallée et revenir" tentons nous. « Il fait trop froid et il y a trop de neige » nous répond-il. Aïe. Un autre officier arrive et lui dit quelque chose comme «peu importe, laisse les voir». Il nous laisse finalement passer, pensant que nous serions de retour dans quelques heures. Quel soulagement! Mais au même moment, une petite crainte s’installa en nous: et si ils disaient vrai et qu’il y avait bien 1m de neige au col, alors impossible de passer avec les vélos… Et nous serions seuls en cas de pépins… Roxy cependant était très confiante: « ils ont rêvé ! Un mètre de neige c’est impossible! Faut qu’ils arrêtent la vodka ! ». 3200m au Tadjikistan en Octobre, rien d’impossible cependant.


Ce fut le défi le plus difficile que nous ayons relevé jusqu'à présent. Nous nous sommes réveillés à 6 heures du matin pour nous donner toutes les chances d'atteindre le col et de descendre le plus bas possible de l'autre côté pour planter la tente. Dans le village, les gens nous faisaient signe que la route était fermée. Faire demi-tour? Pas question! La montée était dure et raide depuis le début. Heureusement, nous avons réussi à parcourir à vélo les 15 premiers kilomètres. C’est toujours ça de gagné ! Nous nous sommes retrouvés complètement seuls et dans l’environnement le plus isolé et inhospitalier du voyage. Nous nous sommes sentis privilégiés, mais nerveux en même temps. Si aucune voiture ne passait, cela signifiait que les policiers disaient la vérité et qu'il y avait peut-être trop de neige là-haut… en effet, les 10 derniers kilomètres furent très (très) difficiles. Ce fut une bataille constante entre une mauvaise piste carrossable, un vent de face puissant, de la boue, de la neige et même de la glace. Certaines sections étaient très boueuses, c'était encore pire avec les garde-boues, accumulant toute la boue et empêchant les pneus de rouler, avec arrêt obligatoire tous les 500 mètres pour curage. Épuisant. Nos vélos n'ont certainement pas apprécié cette aventure. La boue couvrant lentement les chaînes et les parties sensibles des vélos. Nous avions peur de ne pas pouvoir faire la descente…


Finalement, à 16h, nous atteignons enfin le sommet du col: 3258m! Tellement heureux et épuisés, mais avec une vue majestueuse, avec des pics enneigés de 4000 mètres nous entourant et l'Afghanistan à quelques kilomètres… Nous nous arrêtons pour la photo de la victoire et commençons rapidement à descendre de l’autre côté. Il y avait encore trop de neige pour rouler, alors nous avons du pousser sur plusieurs kilomètres. Nous nous sommes retrouvés dans un canyon enneigé, magnifique mais glacial, sans aucun espace pour planter la tente. Nous avons continué pendant 10 km supplémentaires. Le froid commençait à nous gagner, nous étions toujours haut en altitude. Et si nous ne trouvions rien ? Il faudrait alors descendre à la ville tout en bas de la vallée, dans le noir et le froid… Nous atteignons finalement une vallée ouverte avec de l'herbe et une petite source d'eau. 10 minutes plus tard, un feu de camp est allumé, la tente et plantée et les chaussettes sèchent au coin du feu. Une nuit à 2600m est toujours une aventure, une de plus ! Un paysans qui passe par là à la tombée de la nuit, nous prévient qu’il y a des ours. Un petit stress supplémentaire, même si nous sommes maintenant habitués que les habitants nous annoncent la présence d’animaux sauvages, sans jamais en avoir croisés.


Le lendemain, nous rejoignons la route principale, l'Afghanistan est la, de l'autre côté de la rivière. Nous étions mi-octobre, la neige déjà sur les sommets et nous avions encore mille kilomètres pour arriver au Kirghizistan: il était temps pour nous de revenir à Douchanbé!

Cette fois par une belle nouvelle route, narguant les Afghans de l'autre côté de la vallée qui doivent se contenter d’une mauvaise piste. Toutes les frontières sont fermées depuis 2 ans entre les deux pays qui ne sont d’ailleurs pas bons amis. Quelques jours plus tard, nous arrivons de nouveau à Douchanbé et séjournons dans la maison d'un couple autrichien. Ce sont des expatriés qui vivent au Tadjikistan depuis 6 mois et nous ont gentiment hébergé. Nous en avons profité pour nous reposer, nettoyer nos vêtements et réparer un peu les vélos. Un pur bonheur après 2 semaines dans le Pamir sauvage.

Nous nous sommes ensuite dirigés vers le nord du Tadjikistan où se trouve la vallée de Fergana: la seule zone plate de la région partagée par le Tadjikistan, l’Ouzbekistan et le Kyrgysztan. Ce fut agréable de pédaler de nouveau sur des routes plates avec comme toile de fond les sommets enneigés. Le temps a continué d'être mitigé et nous avons eu de la pluie un jour sur deux environ… Des conditions qui nous changent après 6 mois d’été sur les routes!

Sur les 100 derniers kilomètres avant d'atteindre la frontière ouzbèke, nous avons parcouru une route qui est la frontière supposée entre le Tadjikistan et le Kirghizistan. Pas de clôture, pas de mur, rien ne marquant physiquement la délimitation. Nous avons été choqué de traverser des villages entiers brûlés, récemment qui plus est. Nous avons demandé des explications aux habitants rencontrés qui nous ont raconté que lors des affrontements de septembre (1 mois et demi auparavant), cette zone fut le théâtre d’incendies criminels. Les gens vivant d'un côté de la route brûlaient les maisons de l'autre côté, et vice versa. Une période très triste pour la région… Nous avons poussé un peu plus loin pour ne pas dormir à proximité et avons atteint la frontière avec l'Ouzbékistan. Retour dans ce beau pays que nous avons déjà bien découvert, mais cette fois pour 3 jours, le pays permettant d’entrer à notre destination hivernale: le Kirghizistan !








1 Comment


stevedurville
Dec 11, 2022

Super sympa. Chouette

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