KAZAKHSTAN - Introduction au désert
- Roksana Kiełkowska
- 9 oct. 2022
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 avr. 2023
De Téhéran, nous décollons pour survoler la mer Caspienne et arrivons ce 9 septembre 2022 à Aktau au Kazakhstan, la porte d’entrée du désert.
Après une nuit mouvementée et le remontage de nos vélos dans le hall de l’aéroport, nous foulons enfin le territoire ancestral du Kazakhstan ! Dès le premier coup de pédale, le décor des prochaines semaines est planté : partout le désert, une immensité infinie avec seulement quelques chameaux et dromadaires se déplaçant à la recherche de végétaux à se mettre sous la dent.
Nous regagnons Aktau, ville sans charme à cheval entre la mer Caspienne d’un côté et le désert de l’autre. Nous en profitons pour prendre une bonne douche car nous ne savons pas quand aura lieu la prochaine et faire des stocks de nourriture avant de nous élancer sur les étendues infinies.
C’est parti pour une longue traversée du désert, 550km de vélo côté Kazakhstan avec des protagonistes qui se comptent sur les doigts de la main.
Les paysages
Ils sont arides, sans une goutte d’eau ou un arbre à l’horizon. On finit par s’y habituer. La plupart du temps, c’est plat, infini, on voit aussi loin que le regard peut porter. De temps en temps quelques formes se détachent de l’horizon : des chameaux ! Ils sont d’abord tout petits, puis au fur et à mesure qu’on se rapproche, ils grandissent et finissent par apparaître devant nos yeux comme immenses. Ils sont souvent sur le bord de la route, où des petites plantes vertes peine à pousser.
Exceptionnellement, il y a ces falaises. D’une couleur blanche et ocre, elles sont impressionnantes, de toute beauté. On ne les croise que rarement, mais là, la pose photo est obligatoire. On se croirait sur une autre planète. Mars peut-être ?
Les bivouacs
C’est la bonne surprise du désert: la facilité à trouver un spot de bivouac. Tout est plat et sans végétation, donc chaque mètre carré de ce désert est un lieu idéal pour planter la tente. Le sol Kazakh étant fait de terre sèche et dure, aucun problème pour s’éloigner de quelques centaines de mètres de la route. Les couchés et levés de soleils sont majestueux, rien ne cachant la ligne d’horizon. Le seul challenge viendra avec l’arrivée du vent, qui nous obligera à chercher des lieux abrités : derrière un pan de mur d’une bâtisse en ruine, où dans des abris sommaires… Une véritable chasse au trésor dans le désert !
Le vent
Et oui, ce fut l’invité surprise de l’aventure ! Parti de Aktau avec un léger vent de dos, qu’elle ne fut pas notre surprise au premier virage à 90 degrés lorsque notre vitesse passa de 20kmh à 6kmh… S’ensuivirent 3 jours avec un vent de face de forte intensité, dont le bulletin météo indiquait d’ailleurs des rafales à 60kmh… Que faire ? S’arrêter et attendre ? Nos provisions ne nous le permettaient pas, et où s’arrêter de toute façon? Nous pédalerons, à raison de 50km chaque jour, devant parfois pousser les vélos lors des passages venteux les plus virulents. Ce fut éprouvant moralement, surtout que ce fut notre première vrai expérience venteuse du voyage… Alors il faut s’occuper l’esprit et avancer. Heureusement la route côte Kazakhstan est bonne.
La route
Le personnage principal de l’aventure. Une ligne d’asphalte au milieu de rien! On se demande comment les ingénieurs ont choisi le tracé, qui finalement n’est pas si direct pour rejoindre la ville de Beyneu depuis Aktau. Ses changements de directions sont parfois salvateurs, parfois une tragédie en fonction de l’orientation du vent… Mais la bonne nouvelle, c’est la qualité de la route et du revêtement. Elle n’est pas neuve mais en très bon état, pas un seul nid de poule sur les 550km ! On nous expliquera que les ressources quasi illimitées en pétrole et en gaz sont la raison principale de ces infrastructures impeccables. Étonnamment, tous les 50km, un panneau avec un arbre et une table indique la présence d’une aire de repos. Bien évidemment pas d’arbre ni de table à l’horizon mais des toilettes (trou dans le sol entre 3 murs) et une petite ombrelle permet, au minimum, de ponctuer le trajet et changer le paysage jusque-là vide.
La solitude
Nous nous y attendions, nous avons été servi. On se sent seul dans le désert, même à deux. Ce sentiment fut sûrement accentué par nos 3 semaines passées en Iran. Passer d’un pays où nous étions constamment invités à manger, dormir, partager un thé à un désert vide, sans rien ni personne, c’est un choc. On s’est donc mis aux podcasts, mais le vent étant trop fort, impossible d’entendre les paroles… On a fini par parler aux chameaux…
Ce sentiment de solitude fait peur au début. Que nous arrivera-t-il si nous nous blessons ou si une tempête de sable survenait ? On se sent petit, face à l’immensité du paysage. Il était là avant nous et sera là bien après nous… Heureusement, nous avons fait quelques rencontres dans ce désert.
Les rencontres
La rencontre la plus surprenante fut avec Chad. Chad est un cycliste anglais, qui voyage comme nous a travers le continent, toujours vers l’Est. Il a été de très bonne compagnie durant les moments difficiles. Il n’a cependant pas le même rythme que nous et il roulait plus tard le soir alors que nous nous réveillons plus tôt. On s’amusait donc à se retrouver tous les matins un peu plus loin sur la route et se quitter le soir. Une belle rencontre !
Lors de nos arrêts salvateurs aux « aires de repos » beaucoup d’automobilistes et camionneurs nous ont posé des questions et offert des victuailles. Parfait pour compléter le ravitaillement qui s’amenuisait au cours de la route. Dans cette region où les villes sont espacées de plusieurs centaines de kilomètres et où l’environnement est inhospitalier, les Kazakhs ne comprennent pas la logique de notre aventure, nous nous plus à vrai dire^^
Les villes du désert
Car étonnamment, il y a quelques villes, ou plutôt bourgades dans ce désert. La route suivant plus ou moins la ligne de train encore en service, quelques gares se sont développées en bourgades, reliées à la civilisation par le chemin de fer. Ces localités constituent des points de ravitaillement parfait au cours de la route. Mais il est nécessaire de prévoir 3 jours d’autonomie de nourriture, principalement pâtes, lentilles, riz, noodles, boitages et légumes frais pour les premiers jours.
Ces hameaux sont insolites, avec leurs petits commerces, écoles. Figés dans le temps à l’image des monuments de l’ex-URSS qu’on y trouve.
Nous passerons au total une dizaine de jours au Kazakhstan, avant d’arriver à la frontière de l’Ouzbékistan, sans savoir que ces 550km n’étaient qu’un échauffement pour la suite du voyage avec l’arrivée d’un nouveau protagoniste : les routes défoncées...
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