KARAKOL, résumé de nos 3,5 mois

Le 15 décembre, après avoir pédalé 11 000 km, traversé 16 pays et passés 7,5 mois sur la route, nous sommes enfin arrivés à notre destination hivernale : Karakol au Kirghizstan.

NOTRE MAISON KIRGHIZE

Mais comment avons-nous réussi à trouver un logement à Karakol ? Il s'est avéré que l'ancienne entreprise de Tommy avait des relations au Kirghizistan et connaissaient quelqu'un vivant à Bichkek. Samuel, un Suisse, avait justement une « maison secondaire » à Karakol. C'était comme un cadeau tombé du ciel. Ou du moins, c'est ce que nous pensions… « Quelqu'un doit chauffer cette maison durant l’hiver » - nous annonça Samuel. Nous ne savions pas que c'était littéralement ce qu'il voulait dire…

« Le Chalet Suisse » comme nous l’avons renommé, était à des kilomètres de notre imagination. La maison est de la période de la Seconde Guerre mondiale, une ancienne maison d'hôtes, avec de nombreuses chambres. Le tout dans un style très kirghize avec une cheminée murale à charbon et des fenêtres simple vitrage, il est possible de conserver la température « chaude » uniquement dans deux pièces de la maison. L'eau doit couler de chaque robinet tout le temps, sinon elle gèle. De plus, il n'y a pas d'évier dans la "cuisine" donc il faut faire la vaisselle dans la salle de bain et faire des allers-retours avec toute la vaisselle... Nous avons appris aussi que le radiateur électrique doit être allumé en permanence dans la salle de bain sinon le machine à laver risquait de geler…

Le tout dans une structure fissurée, à la limite de s'effondrer.

Notre routine quotidienne consiste à sortir des cendres tous les matins et à aller chercher du charbon cinq fois par jour. Allumer et éteindre les radiateurs et les déplacer dans la maison. Nous avons aussi découvert que nous avons un gros chat sauvage, vivant quelque part dans le grenier, que nous n'avons vu qu'une seule fois, mais l'entendons tous les jours et nous venons de découvrir qu'il y a aussi une souris dans la maison (nous comprenons pourquoi il y a un chat maintenant !)

Avec un peu de recul, cet hébergement très rustique fut une belle expérience pour les 3 mois de notre séjour à Karakol. Avec ces nombreuses chambre et notre autonomie, ce fut l'endroit parfait pour passer l'hiver et accueillir nos amis.

SKI DE RANDONNÉE

Nous avons fait expédier notre équipement de ski par un ami, alors dès le premier jour, nous avons enfilé nos chaussures de ski et mis les peaux pour explorer la région. La ville de Karakol est située près de la chaîne de montagnes du Tien Shan, emplacement parfait donc.

Sur la même montagne, à moins de 10 km de Karakol, se trouve la plus grande station de ski du Kirghizistan, construite à l'époque soviétique et utilisée pour l'entraînement olympique. Maintenant, c'est une attraction touristique et un endroit où tous les habitants de Bichkek viennent pour le week-end. Nous l’avons bien évidemment testée, d'autant plus que toutes les remontées mécaniques sont d’il y a 30ans et proviennent de la station de ski française "Les Menuires", avec tous les panneaux écrits en français !

TRANSPORT AU QUOTIDIEN

Pour se déplacer, on utilise les transports en communs: bus local appelé « Marshrutka » pour se déplacer entre les villages ou taxi local appelé « Yandex » pour aller faire ses courses à Karakol. Les deux fonctionnent parfaitement et les prix sont imbattables (toujours entre 20 centimes et 1€). De plus, il y a une ligne de mini-bus circulant 6 fois par jour de Karakol à la capitale Bichkek. Les 400km se font en 5h30 et le ticket ne coûte que 500soms (5€). Nous l'avons utilisé plusieurs fois pour aller chercher nos amis ayant atterri la bas.

ACTIVITÉS À KARAKOL

Outre la découverte et la création de nouveaux itinéraires de ski de randonnée, nous avons réussi à nous occuper avec une variété d'activités locales dans la ville et ses environs.

Nous sommes allés voir le plus grand marché aux animaux, qui a lieu tôt le dimanche matin (en fait commençant au milieu de la nuit, car apparemment : les affaires marchent mieux) où les locaux vendent des chevaux, des moutons, des bovins et des chèvres. L'ambiance y est très particulière. Nous hésitions à échanger nos vélos contre deux chevaux, mais nous avons décidé de rester fidèles à nos deux-roues !

Comme le cheval est le symbole national du Kirghizistan et a une place forte dans leur cœur, nous n'avons pas pu résister à l'envie d'associer l'équitation à notre sport d'hiver préféré : le ski de randonnée. Trouver un local avec des chevaux et le convaincre de nous emmener à la montagne n'a pas été difficile et ce fut l'une des meilleures expériences de plein air que nous ayons eues.

Au Kirghizistan, les chevaux sont littéralement partout. Il existe même un jeu traditionnel appelé Kok-Boru, joué à cheval, mais avec un mouton mort à la place de la balle. Souvent joué quelque part à côté de la route ou sur tout terrain plat. Nous sommes tombés dessus une fois et nous ne pouvions pas croire ce qui se passait. Des dizaines d'hommes à cheval se pourchassent pour attraper une carcasse de mouton. Absolument incroyable.

Pendant l'hiver à Karakol, la majeure partie des rues est recouverte d'une surface glacée, tout comme les parkings. Certains d'entre eux sont transformés en patinoire, toujours avec la possibilité de louer des patins. Un soir, nous avons décidé d'essayer et nous avons fini par jouer à la «l’épervier» avec les enfants du quartier. Nous avons perdu, bien sûr. Les enfants kirghizes sont incontestablement des patineurs très habiles car ils ont de nombreuses occasions de s'entraîner.

VIE SOCIALE

Étonnamment, nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour être seuls. Dès notre arrivée à Karakol, nous avons rencontré des personnes que nous suivons depuis longtemps sur les réseaux sociaux. Trois Canadiens : Jessy, Cody et Bonnie qui avaient le même projet en tête. Venir à vélo au Kirghizstan pour skier. Une coïncidence incroyable.

Il se trouve qu'ils avaient 5 amis australiens avec eux avec qui nous avons fini par vivre en colocation pendant un mois dans le « Chalet suisse ». Nous nous sommes tellement amusés; cuisinant, riant et se promenant ensemble, le temps a passé si vite avec eux.

Nous avons aussi été très chanceux: plusieurs amis sont venus nous rendre visite de France, alors nous nous déplacions constamment et organisions des voyages pour découvrir de nouveaux endroits.

TRAVERSÉE À SKI « ISSYK KUL »

Dès le début de notre séjour ici à Karakol, nous avons pensé à faire une randonnée à ski de plusieurs jours. Le problème est qu'il n'y a pas de refuges dans les montagnes kirghizes car les nomades utilisent des yourtes pendant l'été et les démontent pour l'hiver. Après quelques recherches, nous avons trouvé 2 maisons d'hôtes dans des vallées reculées, mais une vallée bloquait toujours. Nous avons dû y aller à la journée pour essayer de trouver un endroit où dormir, une cabane. BINGO ! Une maison, perdue au milieu des montagnes! Un vieux couple d'agriculteurs y vit en totale autonomie. Nous étions sauvés, notre traversée était possible !

Henri et Virgine sont venus de France pour faire du ski de randonnée et particulièrement pour cette traversée. Nous avons commencé dans une longue vallée, entourée de roches rouges. Les conditions de neige étaient un peu sèches sur les faces sud mais la météo était parfaite. Nous avons dormi à Jety Oguz et le lendemain nous avons skié 22 km jusqu'à la maison du fameux fermier. Nous n'avons pas enlevé les peaux de toute la journée… Nous avons été accueillis comme des rois où sa femme nous a préparé le dîner et nous avons dormi dans le salon. Il n'y avait pas d'eau courante, de signal téléphone, ni de voiture: l’isolement complet. Le troisième jour, nous avons traversé des alpages pour rejoindre la station de ski de Karakol. Ce fut la journée la plus belle, passant par des terrains forestiers et alpins, surplombés par des montagnes de 4000m.

Enfin, le dernier jour a été le jour le plus court, avec moins de 15km pour rejoindre le village d’AkSuu.

La traversée de 60km en 4 jours fut un succès ! Vous pouvez trouver l'itinéraire sur notre profil FATMAP si vous êtes intéressé et la vidéo sur notre chaîne Youtube.

JYRGALAN

Non loin de Karakol, à seulement une heure de route avec le minibus Marshrutka, se trouve un petit village au cœur des montagnes, appelé Jyrgalan. C'est le paradis du freeride, avec des lignes illimitées pour le ski hors-piste. Disons que c'était notre deuxième maison. Nos amis canadiens s'y sont installés pour le reste de la saison, ce qui nous a donné une autre raison de fréquenter cet endroit.

JETI OGUZ

Notre deuxième endroit préféré au Kirghizistan est sans aucun doute « Jeti Oguz ». Comme il n'est qu'à 25 km de Karakol, nous y allons souvent pour une excursion à la journée, pour admirer encore et encore cet endroit incroyable. Gorge pittoresque avec d'imposantes roches rouges nommées en kirghiz « les Sept taureaux », surplombant un petit village. A couper le souffle aussi bien en hiver qu'en été.

Pour résumer: la nature vierge, les défis quotidiens et un peuple hospitalier ont rendu notre séjour au Kirghizistan inoubliable. Notre expérience de vie au Kirghizistan touche à sa fin. Au moment où nous écrivons ces lignes, nous avons encore deux m semaines à Karakol, les journées se réchauffent et s'allongent, les oiseaux chantent et la soi-disant « Rasputitsa » (boue) s'installe. Le printemps est presque là. Il est temps de reprendre la route !

Malheureusement, à cette date, les frontières de la Chine restent fermées aux touristes, nous devrons donc survoler le pays du soleil levant. Nous ne voulons pas prendre plusieurs avions pour nous rendre en Inde puis survoler la Birmanie, nous avons donc décidé de prendre un avion directement pour le Vietnam et de là pédaler le plus loin possible, toujours en direction de l’Australie!