IRAN - Le pays des rencontres
- Roksana Kiełkowska
- 16 sept. 2022
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 avr. 2023
L’Iran. Un pays qui fascine avant même d’y être allé. On en entend parler régulièrement dans les médias, mais, malheureusement, pas pour les bonnes raisons. Nous y découvrirons un territoire aux paysages désertiques et magnifiques, à la population extraordinairement accueillante et désireuse de faire changer le point de vue sur leur pays.
C’est bien la question que chaque Iranien et Iranienne nous aura posé lors de notre séjour de 3 semaines dans le nord-est de l’Iran: « Quelle est l’image que vous aviez de l’Iran avant de venir ? »
C’est une très bonne question ! En effet si on ne fait que lire les informations disponibles, alors, l’Iran se résume à un pays classé rouge écarlate sur le site du gouvernement, où la sécurité des étrangers n’est pas toujours assurée (notamment ce français et ses 7 ans de prison pour avoir fait voler un drone près d’une base militaire…). La question du nucléaire est aussi un des sujets qui revient constamment. Bref, si on devait répondre franchement aux Iraniens, ce n’est pas tout rose vu de chez nous !
Mais heureusement, nous ne sommes pas les premiers voyageurs à se rendre dans ce pays. C’est un des passages principaux pour rejoindre l’Asie centrale via le Turkménistan. Nous connaissons donc beaucoup cyclo-voyageurs qui y sont passés avant nous ! Et, anecdote, lorsqu’on leur demande quel est leur pays préféré de tous ceux qu’ils ont traversé, la réponse est unanime : l’Iran ! Nous savions donc que cette nation était incontournable !
On nous avait aussi prévenu de l’hospitalité légendaire, mais nous restions prudent, ils avaient peut être été chanceux ! Il ne nous restait qu’à nous y rendre pour le découvrir par nous mêmes !!
Cependant l’Iran présentait pour nous 3 gros problèmes:
Premièrement, il faut un visa pour s’y rendre. C’est un des seuls pays qui en demande un et il n’est pas donné :100€, car il faut passer par une agence ! Nous avons tout de même sauté le pas en le récupérant 2 semaines plus tôt en Turquie, dans la ville d’Erzurum.
Deuxième problème technique: les drones de loisirs. Ils seraient interdits dans le pays et nous en possédons un pour filmer le voyage et ne comptons pas nous en débarrasser. Après discussion avec plusieurs autres voyageurs, nous le garderons bien au chaud au fond des sacoches, sans jamais le sortir !
Finalement dernier problème de taille: l’Iran ne permet plus de rejoindre l’Asie-Centrale depuis 2 ans et la fermeture des frontières terrestres de l’Azerbaïdjan et du Turkménistan… mais le premier avait annoncé peut-être réouvrir ses frontières au 1er septembre, date à laquelle nous serions en Iran, non loin de la frontière ! On y croyait.
Ces 3 difficultés majeures étant en partie maîtrisées, nous nous lançons à la découverte de l’Iran et de sa région nord-ouest! Nous passons la frontière par la ville de Maku et descendons sur Khroy, Salmas puis Ourmia en longeant la Turquie. Puis nous traversons le lac Ourmia, ancien plus grand lac d’Iran maintenant presque à sec, pour rejoindre la grande ville de Tabriz et son fameux bazaar couvert. Finalement nous rejoignons la ville de Zanjan où un rendez-vous particulier nous attend ! Ça sera la fin de notre voyage exclusivement en vélo car nous finirons par prendre un bus sur les derniers kms pour rejoindre la capitale, Téhéran, où nous passerons quelques jours avant de s’envoler pour l’Asie centrale !
Nous avons eu la chance de découvrir chacune de ces villes à travers le prisme de ses habitants. En effet, nous avons été invité constamment dans des familles iraniennes qui ont voulu nous faire découvrir leur ville et leur culture.
Première expérience à Khroy, non loin de la frontière. Nous ne trouvons pas d’endroit pour poser la tente, la zone étant agricole avec beaucoup de champs de tournesols. Nous frappons finalement à la porte d’une unité du Croissant Rouge, équivalent Iranien de La Croix Rouge. Les bénévoles qui y travaillent nous accueillent à bras ouverts, nous proposant douche chaude puis chambre privative! Nous serons positivement impressionnés par la curiosité du capitaine, qui nous posa une multitude de questions.
Le lendemain, c’est dans la ville de Salmas que nous arrivons. Premier objectif : trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Alors que nous déambulons sur l’artère principale, une voiture s’arrête et une tête sort par la fenêtre : Hello, welcome to Iran. Do you want to eat with us ?
C’est Hamid, un jeune Iranien de 24 ans qui vit à Salmas avec ses parents et sa sœur et qui révise son Toeic, diplôme d’anglais lui permettant peut être de travailler un jour en Europe: son rêve. Une fois arrivé chez lui, il nous propose d’emblée de rester plusieurs jours. Nous ne sommes pas pressés et acceptons de passer la nuit. Après un bon repas, nous partons explorer la ville et les environs dans la Peugeot 206 de Hamid. Le soir il nous propose un barbecue dans son jardin en dehors de la ville. On connaît bien ce genre de soirées et on se doute que ça ne va pas finir tôt. Nous lui demandons si il serait possible de rester une journée de plus. Il est ravit! Le lendemain, Hamid propose à Tommy d’aller faire un tour entre Hommes. Il veut lui présenter son coiffeur, les femmes sont interdites et ont leurs propres salons, à l’abri des regards. Roxy restera donc à la maison !
Ils reviendrons 3 heures plus tard, Tommy avec les cheveux bien bien courts, et encore, échappant aux côtés rasés. Le soir est organisé un grand repas familial où nous sommes les invités d’honneurs. Nous nous excuserons vers minuit pour repartir à l’aube !
Sur la route d’Ourmia le lendemain, nous nous arrêtons à une station service désaffectée. Le gardien vient nous demander d’où nous sommes. Il est ravi d’apprendre que nous sommes français et appelle tout de suite quelqu’un sur son téléphone pour nous le passer. Je réponds et suis surpris d’entendre mon interlocuteur parler français. Il nous donne rdv le lendemain à Ourmia pour un repas francophone ! Nous rencontrons donc ce professeur qui parle très bien notre langue et nous parle de son beau pays qu’est l’Iran. Une très belle rencontre, imprévue ! Nous dormirons chez un Warmshowers qui était en déplacement à Tehran et que nous ne verrons pas et mangerons avec un couple d’architectes Iraniens rencontrés dans la rue ! Un festival de rencontres !
Nous mettons le cap vers Tabriz, grosse ville Iranienne. Il nous faut traverser le lac asséché de Ourmia. Sur la route, plusieurs personnes s’arrêtent et elles nous proposent toutes de les revoir à Tabriz. Incroyable, nous avons trop de propositions ! L’hospitalité Iranienne dans toute sa splendeur. Nous mangerons chez l’un, visiterons avec l’autre, dormirons chez le dernier… Beaucoup de rencontres, et quel plaisir de découvrir une ville et ses secrets avec des locaux.
La route de Tabriz à Zanjan est splendide. Un enchaînement de tunnels dans plusieurs canyons étroits. Nous en profitons pour enfin planter la tente et passer deux nuits au calme.
A Zanjan, nous retrouvons Jalal. C’est un Iranien que nous avons rencontrés à Istanbul, 2 mois plus tôt, alors que nous cherchions des pneus pour Roxy. Il nous avait donné rdv dans sa ville, et nous avait promis une visite, l’hébergement et la maintenance des vélos. Un avant goût de l’hospitalité Iranienne à l’époque. On peut dire que cette rencontre, quoi que brève, nous avait bien motivé à visiter ce pays !
Une dizaine de kilomètres avant la ville de Zanjan, une moto s’arrête sur le bas-côté et nous interpelle: c’est Jalal, qui nous tend des boissons fraîches. Le paradis. Il nous escorte ensuite dans sa ville, peut-être pour éviter que nous ne soyons invités par une autre famille Iranienne (ce qui arrivera de nombreuses fois à Zanjan!).
Nous arrivons finalement chez lui, un beau mixte entre une bâtisse moderne et des meubles traditionnels. Une dizaine de canapés entourent un grand espace tapissé de magnifiques œuvres d’arts et tapis persans. Nous rencontrons sa femme et sa fille. Cette dernière, Sara, a notre âge et est professeure des écoles et professeure de langue Perse sur les réseaux sociaux. Nous sympathisons très rapidement et échangeons longuement sur une multitude de sujets de société.
Jalal a une surprise pour nous. Surtout pour Roxy. Il y a, en effet, une course de VTT féminine à Zanjan le lendemain, et en temps que coach sportif et propriétaire de magasins de vélos et d’une multitude de vélos haut de gamme, il met tousses espoirs dans Roxy ! Le lendemain, malgré le stress et la compétitivité des cyclistes Iraniennes (une trentaine tout de même!), Roxy donne tout et les 7500km dans les mollets lui permettent de décrocher une 3 ème place. Un grand moment, l’euphorie des participantes est impressionnante. C’est beau. Précision pas des moindres: le vélo est encore officiellement interdit aux femmes en Iran. Mais les choses changent. Nous restons 3 jours à Zanjan pour recharger nos batteries. C’est ici que se termine notre périple non-stop en vélo. Ici nous prenons notre premier bus pour entrer dans Téhéran, la capitale du pays.
A Téhéran, le traffic est terrible. Il nous faut parcourir une dizaine de kilomètres de la station de bus à l’appartement de notre hôte. C’est les 10km les plus dangereux de notre voyage. L’essence étant a ~0,10€/L, tout le monde à une voiture et les axes routiers de la mégalopole est saturée.
Nous arrivons saint et sauf chez Mustafa, notre hôte. Il ne parle pas anglais mais manie habilement le traducteur automatique. Nous resterons en sa compagnie 4 jours, avant de s’envoler de l’aéroport. Il nous fera découvrir sa ville, Téhéran, qu’il veut quitter à tout prix pour l’Europe. Il lui faut juste un visa…
Nous visiterons notre énièmes bazaar, autant que de villes visitées en Iran. Mais ici c’est trop. Trop de gens, trop de magasins, trop de bruits et d’odeurs. Trop. Après pas mal de recherches, nous trouvons tout le matériel pour emballer nos vélos: cartons, scotch, papier bulle… L’opération est compliquée mais grâce à quelques tutos YouTube, nous y parvenons!
Notre dernière aventure en Iran: l’ascension d’un 4000m! Mais comme les montagnes autours de Téhéran sont toutes à ces altitudes, ce n’est rien d’exceptionnel… Le parking se situe à 3000m, donc la suite est une petite rando pour attendre le sommet avec une vue imprenable sur le Damavand, la plus haute montagne Iranienne à 5600m. Nous reviendrons en hiver, lorsqu’elle est moins parcourue !
Nous ne pourrons jamais assez remercier Mustafa et sa famille, qui nous aurons fait découvrir les plats traditionnels, chaque soir, un différent !
Nous prenons finalement la route pour l’aéroport : dans un Blue Nissan! La camionnette symbolique de l’Iran, car produite localement et à bas coût et permettant de transporter une multitude de chargements divers. Nos vélos pour l’occasion !
Troisième chapitre en vue : L’Asie Centrale !
Comments