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Est Turquie - Le Challenge des Cols

Dernière mise à jour : 8 sept. 2022

Après deux jours dans la belle Capadoce, nous nous sommes fixés un nouvel objectif: traverser la partie orientale de la Turquie pour atteindre la ville d'Erzurum. Ce n'était pas le plan initial : nous voulions traverser le pays par le lac de Van, plus au sud. Malheureusement, nous réaliserons trop tard que si nous voulions continuer vers l'Iran, alors la dernière ville sur «notre chemin» où nous pouvions récupérer le visa Iranien était Erzurum, plus au nord.


Environ 700 km nous séparait de cette ville montagneuse. Environ 8 jours de cyclisme, à monter et descendre des cols à 2000m d’altitude. D’un point de vue route, pas grand choix dans l'itinéraire, une seule route digne de ce nom, traversant les vallées, reliant l’Ouest à l’Est. La bonne nouvelle est qu’elle a une énorme bande d'urgence d'un mètre de large, parfaite pour nous ! Pendant ces huit jours, nous avons tout donné ! Nous réveillant presque tous les jours à 4h30 pour gravir les 1000 m de dénivelé positif, avant de profiter de la descente : une région de la Turquie très montagneuse .

Les cols devaient être franchis le plus tôt possible dans la journée, sinon la chaleur était insupportable. La première nuit, dans la banlieue de la ville de Kayseri (l’équivalent de Grenoble en Turquie) nous avons été invités à planter la tente dans le jardin d'une charmante famille turque, où nous avons partagé un barbecue traditionnel: le Mangal ! De leur terrasse, ils ont une vue magnifique sur le mont Erciyes (3916m!), où nous nous sommes imaginés skier un jour. Nous avons promis de revenir pour la saison d'hiver ! Les 4 nuits suivantes, nous avons pu faire du camping sauvage. A chaque fois près d'un lac. Une distance de 70 km à 100 km séparait nos quatre lieux de bivouac et à chaque fois, un emplacement idéal pour une tente ! Nous avons eu la chance de trouver ces lacs avec une eau turquoise au milieu des paysages montagneux et désertiques. (Merci à l'application Maps.Me bien sûr !) Pas touristique du tout, nous étions seuls! Une récompense bienvenue à la fin de chaque journée chaude et sportive.

Une autre bénédiction sur la route fut le Couchsurfing que nous avons trouvé dans la ville de Sivas, en route pour Erzurum. Hassan, jeune conducteur de train turc, nous a accueilli très chaleureusement chez lui, nous proposant d’office de faire une lessive.


En atteignant finalement Erzurum, nous étions aussi lessivés! Nous avions besoin de nous faire plaisir avec un peu de comfort. Nous avons donc pris un hôtel pour deux nuits, 15€ la nuit, raisonnable! Ce prix comprenait un petit-déjeuner de roi, nous étions aux anges!

Nous sommes même allés au cinéma, car nous avons trouvé un film américain en VO! Nous étions comme des enfants en vacances : manger et profiter de chaque seconde que nous offrait cette pause opérationnel en ville et du temps libre sans nos vélos. Plus sérieusement, nous avons passé quasiment une journée entière pour obtenir les visas pour l’Iran. Une bonne chose de faite !


Nous avons quitté Erzurum pour les 330 derniers kilomètres de vélo sur les routes Turcs en direction du mont Ararat, avant d'atteindre la frontière. La fin du pays s’approchait petit à petit mais il nous restait un bon lot d’aventures. La première nuit, après avoir quitté Erzurum, nous avons cherché un bivouac mais sans succès... Heureusement, il y avait ce petit village fermier où une famille nous a laissé dormir dans leur jardin. C'est toujours amusant de voir comment les gens vous regardent lorsque nous demandons de planter notre tente (surtout lorsque notre vocabulaire turc est limité et que leur anglais est inexistant…). Le fermier de cette famille a travaillé en France, il parlait quelques mots français et ne pouvait pas être plus heureux de nous accueillir. À la fin, toute la famille s'est réunie pour nous dire bonjour, ils nous ont préparé un plat traditionnel, et nous ont apporté des fauteuils très confortable, quel contraste avec notre bivouac habituel !

Plus loin sur la route, nous avons été acceptés par le seul Warmshower existant dans cette région : Forkan (encore une fois , ce jeune turc a déjà accueilli bon nombre de cyclistes). Nous avons fait un énorme barbecue avec lui et ses amis. Il s'est avéré qu'ils étaient tous Kurdes, le peuple vivant dans trois pays : l'Irak, la Syrie et la Turquie, avec des croyances culturelles très fortes. Nous avons pu écouter de la musique kurde traditionnelle et tester la boisson alcoolisée locale : la rakija turc. Nous avons passé deux nuits chez lui, ce qui nous a permis de nous reposer et être prêts pour la dernière ligne droite : 100 km nous séparait de Dogubayazit, dernière ville en Turquie !


C’est au détour d’un virage, après notre dernier col à 2000m, qu'est apparu le majestueux volcan endormi et enneigé. Le plus haut sommet de la Turquie: le mont Ararat, culminant à une altitude de 5137 m. Apercevoir cette montagne avait une signification particulière pour nous : cela signifiait que nous l’avions fait, nous avions traversé le pays-continent uniquement avec la force de nos jambes, à vélo. Même si cela n'a pas toujours été facile, nous sommes dans la dernière grande ville avant la frontière iranienne, Dogubayazit (39 km restants). Le sommet paraissait si symbolique pour nous, que nous n'avons pas pu résister à l'idée d'essayer de le gravir afin de marquer la fin de notre traversé de la Turquie. Et bien sûr, cela justifiait en partie tout le matériel d’hiver que nous portions depuis notre départ (doudounes, gants, vêtements techniques, chaussures de rando…) Grâce à des cyclo-voyageurs rencontrés via les réseaux sociaux, nous avons eu le contact d’un bon guide: Cuma, il nous a proposé de se joindre à une expédition déjà existante pour cette ascension. C'était un signe que nous devions au moins essayer. Le tout représentait une petite somme, mais bien moins que le prix officiel trouvé sur internet, nous avons donc décidé de nous faire ce cadeau. (Service comprenant l’approche en 4x4 a/r, la nourriture pour les 4j, et le petit matériel manquant comme crampons et bâtons)


Nous avons donc laissé nos vélos chez lui et sommes partis pour 4 jours sur le volcan endormi ! Se retrouver avec une expédition de groupe fut une nouvelle expérience pour nous. Ce n'est certainement pas notre style, car dans les Alpes, nous n’avons jamais pris de guide et la plupart du temps, nous sommes seuls ou essayons de chercher l'itinéraire le moins fréquenté. Ici, c'est leur héritage et un business ! Prendre un guide local pour monter semblant obligatoire, nous ne nous sommes pas trop posé de questions. Nous avons passé trois nuits et quatre journées sur la montagne. L'atmosphère au camp de base était très joyeuse. Des prétendants du monde entier se sont réunis ici avec un seul objectif : essayer de se rendre au sommet du mont Ararat. Petit air de camp de base Népalais sous les géants Himalayens… Nous avons bien discuté avec un groupe de Slovènes qui grimpait aussi sur le sommet. Nous n'avions pas autant ri depuis longtemps, l’altitude aidant sûrement ! Nous avons aussi partagé de bons dîners turc traditionnels, agrémentés de soupe aux lentilles et évidemment beaucoup de Çay (Thé). Malheureusement, nous avons constaté que les camps sur la montagne étaient souvent jonchés de déchets divers liés à l’ascension. Au grand désarroi du guide qui passa son temps à ramasser les détritus autours du camp et accuser à demi-mots les alpinismes du "pays voisin". Nous avons aussi décidé de faire une bonne action et de ramasser des ordures dans les camps et en chemin, en essayant de sensibiliser les personnes rencontrées et en leur donnant le bon exemple. Respecter mère nature et laissez toujours le lieu plus propre que l’on ne le trouve est notre philosophie.


Finalement, nous atteignons le sommet du mont Ararat sous des vents violents. Le ressenti à 5137m est proche du -20 c ! Il est temps de redescendre : 3000m de dénivelé en une journée et la nuit chez Cuma. Nous voici maintenant, de retour dans la ville de Dogubayazit en écrivant ces lignes, buvant un café mérité avec quelques courbatures de la veille avant notre entrée en Iran!


Quelques anecdotes de la Turquie pour conclure ce récit et cette travée de 1800km sur plus de 6 semaines:


Lors de notre traversée du pays, nous avons croisé la police plusieurs dizaines de fois mais ils n’ont jamais vérifié nos passeports (même pour être sûr que nous n'avons pas dépassé le séjour de 3 mois). La police était toujours plus intéressée pour prendre des photos avec nous ou de nous offrir Çay ou Coca Cola…

A chaque fois que nous nous arrêtions pour une pause café / çay, Roxy était toujours la seule femme du commerce. Nous n'avons jamais vu aucune autre femme dans les cafés. Il s'agit d'un environnement strictement masculin, même si aucune loi n’interdit les Femmes de venir boire un café… Imaginez plusieurs tables d’hommes turcs, tous regardant dans notre direction, avec des interrogations sur leur visages. Pas toujours à notre aise même si le plus souvent, ce n’était que de la curiosité de leur part.


Dans toutes les toilettes turques où nous sommes allés, il y avait toujours du savon et jamais de papier toilette ! Il a été prouvé que les toilettes à la turque sont beaucoup plus saines et hygiéniques que les toilettes assises. Néanmoins, cela ne semble toujours pas assez confortable pour nos petites fesses européenne! Mais on va serrer les fesses car on risque d’en croiser encore quelques unes lors de nos aventures !!


Voilà, nous allons maintenant traverser l’Iran, où de nombreuses aventures et découvertes nous attendent !











 
 
 

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