Ouest Turquie - Villes grouillantes et contrées désertiques
- Roksana Kiełkowska
- 9 août 2022
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 avr. 2023
Après avoir parcouru les Balkans pendant deux mois, nous voici finalement à la frontière de la Turquie. Nous entrons dans ce gigantesque pays - plus de 1000 km de long - par son extrême ouest : la ville d'Ipsala. Nous nous souviendrons longtemps de notre arrivée : une fois la rivière traversée et la Grèce derrière nous, nous nous trouvons face à face avec LA porte d'entrée: Un monument massif, une centaine de mètres de large et aussi haut qu'un immeuble de 3 étages. Le monument nous barre la route et nous oblige à nous arrêter pour obtenir le précieux tampon, indispensable pour la suite du voyage. De plus, un énorme drapeau turc flotte dans l'air et nous avertit : vous êtes en Turquie et vous ne l'oublierez pas!
Une fois cette zone frontière traversée, nous nous dirigeons vers Istanbul, la ville aux 3000 mosquées. Nous nous sommes lancés un défi il y a quelques jours déjà : atteindre la ville aussi vite que possible - environ 100 km pedalés chaque jour ! Sur le chemin, nous nous arrêtons à Silivri, chez un Warmshowers. Il semblerait que le site internet de rencontres de cyclo-voyageurs soit bien développé dans le pays et nous l'utiliserons beaucoup ! Notre premier hôte est un ingénieur informatique, inventeur et auto-entrepreneur, qui a réussi à percer dans l'industrie. Il n’est pas cycliste pour un sous mais ce n’est pas du tout un pré-requis ! Il habite dans une villa luxueuse près de la plage et nous propose de rester un mois ! Nous nous reposerons pendant 2 jours avant d'attaquer le dernier tronçon jusqu'à Istanbul.
La journée de congé fut vraiment nécessaire car les 60 derniers kilomètres pour entrer dans la mégalopole furent très exigeants! Nous partons le plus tôt possible, pour éviter la circulation, mais à 8 heures, nous nous retrouvons au milieu d'une autoroute de 2x4 voies, essayant de nous frayer un chemin vers le centre-ville. Nous évitons la collision à plusieurs reprises et à midi, nous atteignons le centre historique, où une foule piétonne remplace finalement les voitures. Et, belle coïncidence, nous rentrons dans Istanbul pendant Bayram, une fête religieuse très importante lors de laquelle tout le monde est censé quitter la ville et partir pour la campagne pour festoyer en famille. En pédalant dans les rues bondées, nous nous questionnons sur le fait que les Stambouliotes sont vraiment partis, ou peut être on-t-il été remplacé par des touristes comme nous?
Pour l'hébergement, nous sommes chanceux et avons trouvé un Warmshowers: Patrick, un jeune Australien vivant sur les hauteurs d'un vieux quartier de la ville. Il nous accueille chaleureusement, nous faisant nous sentir comme chez nous. Cela fait 2 ans maintenant qu’il vit en Turquie et est tombé amoureux du style de vie dans ce pays. Au total, nous avons passé 10 jours dans la ville animée, visitant des endroits très touristiques tel que les mosquées Bleue et Sofia, et certains endroits confidentiels comme un très vieux hamam turc où nous avons été les seuls touristes. Nous recommandons fortement la mosquée Camlica du côté asiatique, la plus grande mosquée de toute la Turquie! De plus, traverser le Bosphore avec les bateaux offre une expérience calme et relaxante. Il paraît même que l’on peut y voir des dauphins... avec un peu de chance ! Enfin, nous nous sommes joint à Patrick pour une séance de yoga et de nage au bord du détroit, un des ses rituels.
Nous avons passé un très bon moment à Istanbul, nous reposant, planifiant le reste de notre itinéraire en Turquie et effectuant un peu d'entretien sur nos vélos (changement des pneus plus larges pour Roxy , une selle Brooks pour Tommy, des patins de frein et du petit matériel achetés à Decathlon !!)
Pour la suite du voyage et afin d’échapper à la ville tentaculaire et au trafic dangereux, nous choisissons de prendre un ferry sur 40km pour arriver jusqu'à la petite ville de Yalova, au sud. C’est là que commence la Turquie continentale et l'immensité des paysages. Après quelques jours de vélo à travers la forêt, les canyons et les montagnes, nous atteignons le «désert». Pas un désert de sable et de cactus comme nous le trouverons au Kazakhstan, mais un « no man’s land », vide. Pas un arbre. Pas une rivière. Juste des collines jaunes et une route toute droite. Nous faisons des provisions et nous lançons dans cette traversée fantastique de 3 jours. Nous nous sommes sentis seuls et si petits dans cette immensité. Niveau hébergements, nous sommes gâtés, de superbes bivouacs sous la voûte étoilée - il ne pleuvra pas en Turquie - ainsi que plusieurs Warmshowers dans les villes traversées : à Bilecik, nous rencontrons un employé de la municipalité, qui depuis plusieurs années s’efforce à faire venir des cyclo-voyageurs. Ensemble nous parcourons la ville et ses lieux emblématiques. Plus tard, dans la ville d'Eskisehir, nous trouvons une association de vélo où nous sommes hébergés pendant deux nuits. Nous en profitons pour partager nos expériences respectives de vélo avec nos hôtes : eux se servent de ce moyen de locomotion au quotidien dans un environnement urbain alors que nous, nous parcourons leur beau pays plutôt dans la nature ! Nous arrivons finalement à la ville de Kulu, la porte d’entrée de la Cappadoce. C’est une ville atypique où une grande partie de la population a émigré en Suède dans les années 80. On nous raconte que lors des élections là bas, les affiches des candidats suédois sont placardés partout dans la ville !
C’est à partir de ce point que le temps, qui coulait jusqu’alors lentement, s’accélère soudainement! En une semaine, nous découvrons la blancheur du lac Tuz Gulu, un lac salé semblable à Uyuni, où nous dormons et contemplons l'horizon illimité. Ensuite, nous atteignons Arksaray et sa belle vue sur le mont Hasan. Suivi de la vallée d'Ihlara, un profond canyon où nous visitons des églises sculptées datants de plusieurs centaines d'années .Puis petit à petit, les cheminées de fées, ces formations de roches caractéristiques de la Cappadoce, apparaissent dans les paysages, nous faisant sentir comme des enfants grimpant et visitant toutes les cavités, naturelles ou sculptées par l’Homme. Également sur la route, la ville souterraine de Kaymakli, constituée de 9 niveaux sous le sol et formant l'une des plus grandes villes souterraines au monde! On dit qu’elle pouvait accueillir jusqu’à 20 000 personnes. Incroyable! Nous nous sommes baladés deux heures et avons atteint le 4e niveau où l'anxiété des petits espaces était déjà présente. On vous laisse imaginer la vie là dessous, sans fenêtres, ni sortie de secours!
Enfin, après 7 jours de traversée, nous atteignons le centre du pays : Gorëme, la fameuse vallée de la Cappadoce! Nous y passerons deux jours, à nous réveiller face aux mongolfières, à explorer les canyons inconnu ou les mystérieuses grottes sculptées et les églises ... même si cette vallée est très touristique, elle est si grande et les personnes ont tendance à visiter les mêmes endroits au même moment, il est donc toujours possible d'être seul ! Les ballons qui se lèvent au lever du soleil sont un spectacle incroyable, et vous n'avez pas besoin d'aller faire un tour dans les airs pour vraiment profiter du moment et de la beauté de l'endroit.
Nous voici, au centre de la Turquie, après une semaine de route de site grandioses en sites grandioses, se dirigeant maintenant vers le nord-est avec la ville d’Erzurum pour obtenir le visa Iranien.
Les 1000 km à venir seront assez vallonnés et montagneux. Pas de lieux touristiques à venir. Roulons!
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